Projet Éducatif Particulier Airs Libres

I. Introduction 

Dans sa reconversion du projet pédagogique particulier, l’ASBL « AIRS Libres » propose un service mettant en œuvre un projet éducatif particulier basé sur l’arrêté spécifique des services résidentiels d’observation et d’orientation. Ce projet propose de  travailler sur mandat du conseiller de l’aide à la jeunesse, du directeur de l’aide à la jeunesse ou du tribunal de la jeunesse, dans le cadre du décret du 18 janvier 2018 et dans le respect du code de déontologie. Nous intervenons prioritairement dans l’arrondissement judiciaire du Hainaut pour les divisions de Mons, Tournai et Charleroi.

II. Public visé 

Le PEP « AIRS Libres » s’adresse à 8 jeunes garçons de 12 à 18 ans qui présentent des troubles du comportement et nécessitant une aide spécialisée en dehors de leur milieu familial et justifiant, par leur gravité, l’observation, l’analyse approfondie et une action spécifique visant au dépassement de la crise par le biais d’un encadrement adapté à cette fin.

Ces jeunes présentent des difficultés multiples qui rejoignent les problématiques rencontrées par le secteur du handicap, de la santé mentale, de la psychiatrie et de l’aide à la jeunesse.

Notre service se propose d’intervenir dans ces situations aux frontières de ces différents secteurs, pour lesquelles les outils habituels d’analyse et d’action se révèlent inadaptés.

Ce sont souvent des jeunes qui demandent un déploiement d’énergie conséquent, qu’un service isolé ne peut gérer seul. Les moyens mis en place se révèlent alors insuffisants faute de pouvoir s’attarder à la compréhension du mal-être. Ces jeunes sont souvent en rupture et manifestent des symptômes liés à tous les secteurs de la vie (famille, réseau social, scolarité, règles et lois, santé,…).

III. Constat de départ 

La multiplicité et la complexité des difficultés de ces jeunes mettent à mal le travail des professionnels au risque de les essouffler.

Les risques liés au passage à l’acte et leur répétition ne permettent pas une prise en charge dans les structures d’aide existantes.

Les difficultés de ces jeunes les mettent régulièrement dans une situation d’échec ou de renvoi obligeant les professionnels à trouver des solutions par défaut.

IV. Hypothèses de travail 

Notre prise en charge peut permettre l’observation du mal-être et un lieu de concertation pour les services impliqués. Permettre de rassembler les différents acteurs de la situation peut aider à renforcer la pertinence de l’intervention auprès du jeune et de co-construire un nouveau modèle de travail.

Les différents services et professionnels des secteurs de l’aide à la jeunesse, de l’AVIQ de la santé mentale et de la psychiatrie ont parfois besoin de décaler leurs interventions pour redynamiser le projet du jeune. Un temps d’arrêt peut être un moment utile tant pour le jeune et sa famille que pour les professionnels pour redéfinir un dispositif de collaboration et de soutien.

V. Moyens mis en œuvre

Nous proposons une prise en charge inconditionnelle pour une durée de trois mois renouvelable. Durant ce temps d’hébergement (24h/24h et 7j/7j), l’équipe pluridisciplinaire du PEP reprend avec le jeune, son parcours par la réalisation d’un socio génogramme et d’une ligne du temps. Par ce travail, nous mettons en évidence les moments clé qui ont pu jalonner sa vie et la fonction qu’il exerce actuellement dans son système.

Tout au long de son séjour dans notre centre, les observations de l’équipe éducative et psychosociale sur son comportement, ses compétences et ses difficultés, mais aussi sur le dispositif d’aide existant ou à élaborer permettent de dégager des pistes de travail. Nous élaborons avec le jeune et les professionnels extérieurs concernés une stratégie d’intervention et de collaboration autour de sa situation.

Notre projet éducatif particulier peut être le lieu de rassemblement des énergies qui co-construisent cette stratégie. Le fait de rassembler les services autour du jeune et de sa famille, vont leur permettre de mieux comprendre le travail dans lequel nous les impliquons et contribuer à l’apaisement de la situation.

VI.  Méthodologie

a. Admission :

Dès la première rencontre avec le jeune et le mandant, nous demandons la présence des différents intervenants concernés par la situation. Ce moment détermine les objectifs et les modalités de la prise en charge. Nous fixons avec le mandant et les professionnels les rendez-vous auxquels il est impératif qu’ils participent pour co-construire l’aide à apporter au jeune. Nous fixons également les modalités de sortie du jeune à la fin de son temps d’arrêt chez nous.

b. L’observation :

Même si l’observation est continue durant toute la prise en charge, le premier mois est déterminant pour l’élaboration du socio génogramme et des outils nécessaires à une vision claire de la situation et du système dans lequel le jeune évolue.

La rencontre des professionnels dans notre service est indispensable à l’étude de la cohérence des pistes à envisager et à travailler ensuite.

c. L’orientation

En collaboration étroite avec les mandants et les professionnels impliqués, nous poursuivons la construction du dispositif d’aide autour du jeune en fonction des pistes que nous avons conjointement élaborées. La définition de la « carte réseau » du jeune est mise en priorité durant ces deux mois.

d. La prolongation :

La prolongation de notre intervention (un mois renouvelable une fois) est envisagée avec le mandant en fonction de l’évolution de la situation du jeune. Elle est parfois nécessaire dans le processus d’aide et peut, le cas échéant, aider à la réinsertion dans le milieu de vie ou permettre au jeune d’intégrer une structure accueillante si le délai d’admission est imminent. La collaboration de tous reste indispensable durant cette période.

Durant toute notre intervention, l’accent est mis sur la participation du jeune à l’élaboration de son projet et aux rencontres multi disciplinaires. Il lui est ainsi proposé d’être acteur de ce qui se développe autour de lui pour qu’il ait la possibilité de s’exprimer et qu’il soit partie prenante de la suite de son accompagnement.

L’aide successive à notre hébergement peut également être déclinée en aide dans le milieu de vie ou en aide dans un logement autonome.

En complément de notre mission principale, nous proposons également des possibilités de « time out » pour soutenir la place de jeunes dans les institutions qui les accueillent ou pour maintenir la place du jeune dans sa famille. Ces « time out » ont une durée stricte de 15 jours mais peuvent être sollicités à plusieurs reprises dans le parcours du jeune.

VII. Activités proposées

Les activités que nous proposons tout au long du séjour dans notre service sont essentiellement axées sur la mise en relation du jeune avec notre équipe pluridisciplinaire et son réseau.

Nous proposons aux jeunes des ateliers, des activités culturelles, sportives et artistiques qui permettent cette mise en relation et l’émergence de ses compétences.

VIII. Objectifs 

Il s’agit de construire, avec le jeune, un réseau cohérent et réaliste pour faire émerger un projet personnalisé et réalisable pour lui. Nous pouvons mettre en évidence les compétences du jeune que nous pouvons valoriser auprès de la famille, des proches et des autres intervenants.

Les passerelles que nous pourrions établir entre les réseaux d’aide, de soins, du handicap, le réseau scolaire et familial, nous permettent d’aider les jeunes à mettre du sens dans l’élaboration de leur projet de vie.

Durant la prise en charge, nous proposons de renforcer le réseau du jeune ou de le définir. Cette aide spécifique lui permettra, à sa sortie de mieux identifier les intervenants qui encadrent sa situation, de mieux savoir en quoi ils peuvent l’aider et dans quel type de situation. Un réseau d’aide mieux compris contribue au bien-être et à l’apaisement des difficultés.