Historique
Nous sommes issus de l’A.S.B.L « Home du Tournaisis » à Froyennes qui exerçait les activités d’un Service d’ Accueil et d’Aide Educative du secteur de l’Aide à la Jeunesse. L’institution accueillait une soixantaine de jeunes âgés de 0 à 18 ans pris en charge conformément aux mandats délivrés par les services de l’Aide à la Jeunesse, les Tribunaux de la Jeunesse, les Services de Protection Judiciaires.
Dans le cadre de la réforme du secteur de l’Aide à la jeunesse, l’A.S.B.L. « AIRS LIBRES » est apparue en proposant un service mettant en œuvre un Projet Pédagogique Particulier.
Ce service proposait de travailler sur mandat du Service d’Aide à la Jeunesse, du Service de Protection Judiciaire ou du Tribunal de la Jeunesse. Ceci dans le cadre du décret du 4 mars 1991 ou de la loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse.
Cette offre s’adressait prioritairement à l’arrondissement de Tournai.
Les premiers séjours de rupture s’organisent dès juin 2000.
Le service « AIRS LIBRES » est agréé en 2002.
En août 2006, l’A.S.B.L. « AIRS LIBRES » déménage ses locaux à Leuze-en-Hainaut.
En octobre 2017, le Ministre de l’aide à la jeunesse nous a demandé de reconvertir notre service pour proposer un Projet Educatif Particulier d’observation et d’orientation pour des jeunes à la frontière des trois secteurs d’aide et de soins : la santé mentale, l’AVIQ et l’aide à la jeunesse.
Ce service s’ouvre en janvier 2019 pour 8 jeunes garçons de 12 à 18 ans.
A titre complémentaire, en 2023, notre agrément est étoffé par la mise en place de time-out de 15 jours.
Projet Pédagogique Particulier:
- Constat de départ:
Le contexte de l’Aide à la Jeunesse dans notre arrondissement nous pousse à nous interroger, nous questionner quant aux adolescents dits « difficiles».
Ceux-ci interpellent les adultes en manifestant et en développant des symptômes qui balayent tous les secteurs de vie (famille, réseau social, scolarité, règles et lois, …..).
- Hypothèses de travail:
Le projet AIRS LIBRES permettrait une approche individualisée permettant de prendre en charge une population âgée de 14 à 18 ans coincée entre l’abaissement de l’âge de la majorité et l’augmentation de l’obligation scolaire. Ceux-ci ne trouvant plus au sein des différents systèmes (familial, institutionnel, scolaire, ….) un lieu de confrontation qui leur permettrait de Grandir.
Evaluer les compétences:
- En diversifiant les expériences de vie ainsi que les milieux de vie
- En variant les apprentissages
- En analysant le symptôme
Une bonne connaissance du réseau social, scolaire, familial permettra aux jeunes de retrouver un sens qui leur permettra de pouvoir élaborer un projet de vie. De plus nous pouvons aussi amener la famille à s’intéresser à nouveau au parcours du jeune et ainsi remobiliser les jeunes en processus de décrochage social.
En fonction du contexte socio-économique actuel, les structures traditionnelles ne semblent plus être les seuls moyens permettant de réussir une insertion sociale et économique.
« Réussir » son insertion demande actuellement :
- D’avoir un minimum de confiance en ses compétences
- D’être en paix avec son histoire familiale
- D’être capable de gérer ses pulsions sans pour autant utiliser à tout va « le passage à l’acte »
- La volonté de se former au travers d’une structure
- De développer une culture de l’apprentissage dans un contexte d’activités
- D’appréhender de façon souple la formation.
Le phénomène de décrochage social peut-être le symptôme d’un dysfonctionnement familial, le jeune utiliserait ce moyen pour interpeller le système familial.
Les adolescents interpellent constamment les adultes aux travers les valeurs sociales susceptibles de représenter une importance ayant de sens lorsque l’adulte se confronte à la norme sociale.
La diversification est aussi un facteur de stabilisation et de motivation pouvant entraver le phénomène de décrochage social.
Ce projet peut-être un moyen utilisé par les adolescents afin d’expérimenter la confrontation et la gestion de celle-ci. Ce qui permet aux jeunes de s’affirmer comme individus et d’entamer ou de poursuivre le processus d’individuation.
Il nous semble approprié de travailler sur les compétences de chacun, avec un apprentissage personnalisé ce qui permettrait :
- De développer davantage de compétences spécifiques
- D’éviter que les jeunes en décrochage social ne développent des compétences marginales ou par défaut
Approche globale :
Il semble qu’à l’heure actuelle, les aspects concernant la famille, la socialisation ainsi que la formation professionnelle sont des éléments importants dans un système familial.
Or, la crise, les difficultés socio-économiques, mettent en péril ce fragile équilibre, ne permettant aux familles d’investir que deux des trois éléments ou au pire un seul. Dans le but de vérifier les hypothèses énoncées ci-dessus nous pouvons au travers des modules travailler les trois aspects de concert.
- Population accueillie :
Les adolescents pris en charge ont entre 14 et 18 ans.
Il nous semble important d’être conscients que les premiers signes de « décrochage social» apparaissent bien avant l’âge de 14 ans, des services de premières lignes sur le terrain peuvent traiter et prévenir ces signes avant-coureurs.
Ces jeunes nécessitent une aide particulière et spécialisée eu égard à des comportements agressifs, ou violents, des problèmes psychologiques graves, des faits qualifiés « infraction » ou encore des jeunes qui étaient confiés au groupe des institutions publiques de la protection de la jeunesse.
Nous accompagnons également des jeunes présentant un panel large de symptômes, à savoir : des adolescentes enceintes, des jeunes en errance, en rupture familiale et sociale.
Pour ce faire, nous effectuons un travail intensif avec ces jeunes dans une approche très individualisée. Il nous est donc nécessaire d’avoir un mandat par jeune pris en charge.
L’essence même de notre prise en charge est de centrer notre action sur tous les aspects individuels qui pourraient amener le jeune à développer des compétences positives. Nous proposons aux jeunes des moments privilégiés et un panel diversifié d’activités qui sont autant de moyens de mise en relation que d’expérimentations.
- Théorie :
Comme référents théoriques, les travailleurs sociaux utilisent la pédagogie par objectifs, l’approche systémique et le travail en réseau.
- Moyens mis en œuvre :
Le service « AIRS LIBRES » propose trois outils pour répondre aux objectifs qu’il se fixe :
-L’aide en milieu de vie
-L’aide en logement autonome
-Capucine
Ces trois outils peuvent être utilisés pour un même jeune, mais sans obligation. Il s’agit de proposer au jeune ce qui lui correspond au mieux.
Les supports pour les activités mis en place au sein du service peuvent être utilisés pour chaque jeune pris en charge, que ça soit dans l’aide en milieu de vie, l’aide en autonomie ou dans le cadre du projet Capucine.
- L’aide en milieu de vie
L’adolescent est pris en charge avec l’élaboration d’un projet individuel contenant :
- le mandat;
- les attentes du jeune;
- les objectifs de travail fixés entre le jeune et l’équipe éducative.
Ces objectifs sont évalués régulièrement entre l’équipe et le jeune et font l’objet d’un rapport élaboré avec lui.
Les éducateurs travaillent en co-intervention et en étroite collaboration avec le service psychosocial. Ils suivent le jeune dans son milieu de vie quel qu’il soit (famille, familiers,…).
Notre approche individualisée des situations nécessite que nous ayons un mandat par jeune.
- L’aide en logement autonome
L’adolescent est pris en charge avec l’élaboration d’un projet individuel contenant :
- le mandat;
- les attentes du jeune;
- les objectifs de travail fixés entre le jeune et l’équipe éducative
Ces objectifs sont évalués régulièrement entre l’équipe et le jeune et font l’objet d’un rapport élaboré avec lui.
Les éducateurs travaillent en co-intervention et en étroite collaboration avec le service psychosocial.
- CAPUCINE
La prise en charge des adolescents dans CAPUCINE propose une aide s’étalant sur un module de quatre semaines. Les deux équipes éducatives de CAPUCINE accueillent chacune 3 jeunes à la fois.
Le module « Capucine» se propose d’être mandaté pour des jeunes (6) de 14 à 18ans (filles et garçons) qui nécessitent une aide particulière, individualisée eu égard à l’émergence de symptômes nécessitant une prise en charge individualisée.
Procédure d’admission
Sur interpellation d’une autorité mandante, le service se propose de rencontrer le jeune et sa famille afin de déterminer les objectifs de sa participation au Module.
Nous pouvons aussi rencontrer toutes les personnes intéressées par la situation, famille élargie, réseau, etc.
Nous finalisons, dans nos locaux, la procédure d’admission avec la famille et le jeune (préparatifs du départ, dernières questions, échange, rencontre de l’équipe éducative,…).
Déroulement du séjour CAPUCINE :
1ère semaine :
Les trois jeunes participent à un séjour du lundi au jeudi à bord d’un motor-home. Ils sont accompagnés par deux éducateurs.
Chaque jeune est désigné au hasard pour une tâche bien précise :
- Un jeune tire une destination à la fléchette sur la carte de la Belgique et copilote le motor-home pour le guider à cette destination.
- Un jeune prépare la liste des courses pour le repas du soir qu’il va lui-même préparer.
- Un jeune prépare une activité dans les alentours de la destination vers laquelle ils vont.
Les jeunes vont changer de tâche tous les jours et ainsi passer par toutes les étapes du séjour. Le jeudi est consacré, en plus des activités, à la remise en ordre et au retour des jeunes que nous raccompagnons directement dans leurs lieux de vie. Un retour préliminaire est alors effectué auprès de ses proches quand cela est possible.
Le vendredi et le weekend, même si aucune activité n’est habituellement organisée, le service est accessible et une intervention est toujours possible. (Passage dans une famille en cas de crise, hébergement d’urgence dans notre service d’un jeune à la rue, accompagnement le weekend pour une démarche,…etc.)
Ce séjour permet aux jeunes de vivre une expérience exceptionnelle qui les sort de leurs habitudes et de leur quotidien. Ils prennent ainsi du temps « pour eux », pour réfléchir autrement et sortir de leurs difficultés. Ils peuvent se permettre une relation de confiance avec les adultes et ainsi mieux aborder la semaine suivante.
2ème semaine :
Du lundi au vendredi, les jeunes vont participer à des « ateliers » dans nos locaux de 9h00 à 17h00 et le mercredi de 09h00 à 14h00.
Un premier entretien est proposé, avec le service psychosocial et un éducateur, au jeune pour qu’il fasse un retour de son séjour et qu’il commence à préparer le planning de sa semaine. Concrètement, le jeune construit peu à peu son projet en prévoyant avec l’équipe, les démarches qui lui sont nécessaires (rencontres familiales, scolaires, etc.). Des activités diverses sont également proposées par le jeune.
3ème semaine :
Identique à la première, cette deuxième escapade va permettre aux jeunes une seconde rupture qui renforcera leur réflexion et leur projet. Seules les destinations changent.
4ème semaine :
Identique à la seconde, cette semaine « d’ateliers » va affiner le projet individuel du jeune.
A la sortie :
Suite à ces quatre semaines de séjour et d’ateliers, un rapport est envoyé au mandant qui nous a confié la situation et un rendez-vous y est prévu afin d’effectuer en présence du jeune, de la famille et de toute autre personne qui serait impliquée dans la situation, un retour complet des pistes de travail envisagées.
- La Co-intervention :
Les membres du personnel du service AIRS LIBRES travaillent en co-intervention.
Cette co-intervention est débattue lors des réunions d’équipe en fonction des besoins des jeunes et de la pertinence de ce type d’intervention. Ainsi, il est possible que les éducateurs travaillent en co-intervention entre eux ou avec le service psychosocial.
Pour éviter la multiplication des intervenants auprès de jeunes et des familles que nous accompagnons, un éducateur référent est désigné pour les jeunes participants au projet Capucine, qui travaillera avec l’assistante sociale ou le psychologue. Cette co-intervention est convenue en réunion d’équipe en fonction des besoins du jeune et de sa famille.
En ce qui concerne l’aide en milieu de vie et l’aide en logement autonome, un éducateur référent et un éducateur co-référent sont désignés pour réaliser l’accompagnement. Leur présence à tous les deux durant les visites et démarches permet un regard différent sur la situation, les actes et la relation avec le jeune. Cette présence à deux n’est cependant pas systématique et n’est pertinente que si elle n’est pas envahissante. Le service psychosocial intervient également dans ces situations de manière ponctuelle et ajoute à la visibilité que nous avons des situations.
- De manière générale :
Il est important de préciser que le travail que nous effectuons durant nos prises en charge s’opère en toute transparence avec le jeune et sa famille. Il est en effet essentiel de préserver le lien de confiance que nous pouvons établir avec eux.